Depuis ce matin, sur les ondes notamment (oui parce que ma voiture, bien que parfaitement équipée, ne possède pas encore d’écran de télévision), on entend parler de harcèlement à l’école.
Ce sujet me touche particulièrement puisque, comme environ 10% des élèves, j’en ai moi aussi subi au collège.

T’es pénard quand t’arrive en 6e. La grande école, comme disait ma mamie, c’est une belle étape de la vie, t’as ton premier prof principal, tu changes de classe entre chaque cours, tu passes de la cantine au self. Et Dieu qu’il était bon le self du collège de Vassy au temps de monsieur Doulans.

Mais pour moi, ce fut aussi l’étape atroce de me retrouver sans amis, ou de me voir “monayer” des amitiés en donnant des stylos-plume (je te l’accorde, on était des petits joueurs à l’époque). J’étais systématiquement la risée du groupe. Tu sais, la première de la classe, la nulle en sport qui est choisie en dernier par ses camarades au moment de faire les équipes (amis profs, arrêtez d’ailleurs cette méthode stigmatisante).
Je me souviens de tout. De ce jour où ma sœur, qui venait m’apporter mes chaussures de sport que j’avais oublié à la maison, m’a trouvée en larmes parce que, une nouvelle fois, ils m’avaient poussée à bout. De ma sœur qui, dans la minute, les avait accompagné vers le bureau du proviseur, en leur signifiant que si prochaine fois il y avait, c’était dedans qu’ils se seraient retrouvé. Et le pire, c’est que mon cousin qui aujourd’hui est probablement mon meilleur ami était dans le lit d’imbéciles.
Une chance pour moi, ça s’était calmé après.

Mais est venu le temps où j’ai réussi, par on ne sait quel miracle, à sortir avec le plus beau garçon de 5ème. Je te rappelle que je suis en 6e, la classe, quand même. Ces moments sont une gigantesque bouffée d’air.
Pourtant, suite à cela, j’ai encore subi railleries, messages sur le répondeur et compagnie.
Une des filles qui me faisait subir ça devait, de longue date, venir à Disneyland avec moi, ma mère, ma sœur et sa sœur. Je pensais que ça arrangerait tout.
Eh bien non, des le lendemain du retour : “je ne te parle plus”. Wow. Quelle violence quand j’y repense. Tout était intéressé.

J’ai tout encaissé, pleurais le soir, mais je ne me suis jamais résolue à les laisser gagner.
Mais il faut dire aussi qu’internet n’existait pas. Je ne sais pas si j’aurais tenu le coup.

Aujourd’hui, j’ai toujours cette sensibilité à fleur de peau, j’ai même encore subi du harcèlement, notamment sur les réseaux sociaux. Sauf que maintenant, j’ai la maturité nécessaire pour prendre du recul, bloquer les nuisibles et restreindre mes relations aux non-nocives.
Aujourd’hui et depuis le lycée j’ai les meilleurs amis qui soient.


Ne jamais plier.